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Le blog de André Trillard

L'abbaye aux enfants de cristal

Des vitraux créés par Pascal Convert ornent les fenêtres de Saint-Gildas-des-Bois.

Après quatre ans de travail, l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois dévoile de nouveaux vitraux, portaits d'enfant d'une acuité remarquable, dans un matériau d'une grande transparence, créés par Pascal Convert.
L'abbaye a été fondée en 1020 à l'initiative de Simon, seigneur de la Roche-Bernard, et son église construite en grès brun-rouge dans les décennies qui suivent. Elle est achevée au début du XIIè sicèle, mais son architecture est légèrement retouchée au début du XVIè siècle pour suivre la mode du temps.
L'abbaye est, au XVIIè siècle, la principale place du jansénisme en Bretagne,. Plusieurs fois agrandie, restaurée dans les années 1760, elle connaît, à la Révolution, le sort des couvents : dévenir "bien national" et passer de main en main.
A partir de 1828, elle est la propriété des Soeurs de l'instruction chrétienne. Elle subit alors fort peu de dommages. Ceci s'explique sans doute par sa situation, entre Nantes et Redon, dans une région attachée à la religion catholique.

Clocher décapité
Il ne serait donc rien arrivé de grave à Saint-Gildas si, en août 1944, la Kriegsmarine ne s'était enfermée dans la poche de Saint-Nazaire, où se trouvait l'une de ses principales bases atlantiques.
Le 4 août, la poche est encerclée par les troupes américaines. Aussitôt, décision est prise par elles de détruire tous les points élevés qui pourraient servir de lieux d'observation aux troupes du IIIè Reich - à commencer par les clochers.
Saint-Gildas, proche de la ligne de feu, n'échappe pas à la règle. Son clocher est décapité, les toitures crevées et les vitraux pulvérisés.
Le siège dure jusqu'au 11 mai 1945, date de la réddition de la garnision de Saint-Nazaire, trois jours après la capitulation du IIIè Reich.
La reconstruction du clocher a peu près à l'identique ne s'achève qu'en 1968. Des vitraux de style abstrait sont posés dans les fenêtres hautes de la nef. Restent les fenêtres basses et celles des transepts, quatorze en tout.

En 2003, le sénateur-maire André Trillard, président UMP du conseil général de Loire Atlantique de 2001 à 2004, décide que cette situation a assez duré. Une commission est constituée, comptant des élus, des représentants des instances du ministère de la culture, dont le directeur régional des affaires culturelles des Pays de la Loire, Norbert Duffort, et l'écrivain Jean Rouaud, originaire de la région.
Après deux ans de lectures de dossiers et de visites, la commission décide de confier le projet à Pascal Convert, auteur du monument aux fusillés du Mont-Valérien et de sculptures de cire d'après des photographies de presse, comme La Madone de Benthala, d'Hocine. Le budget s'élève à 300 000 euros. Y contribuent les collectivités locales, l'Etat et le fonds des dommages de guerre et du mécénat d'entreprise.
Les vitraux sont désormais posés et visibles, en l'attente de leur inauguration officielle.

A Saint-Gildas, Convert a oeuvré à nouveau par transfert de figures d'un matériau à un autre, de la photographie au cristal, cette fois.
Au Musée d'histoire de la médecine de Paris, il découvre des photographies d'enfants internés faites à la fin du XIXè et au début du XXè siècle, images asilaires terriblement silencieuses. Chacun de ces portraits à mi-corps devient un vitrail, la figure s'inscrivant en bas-relief au centre de l'ogive. La technique employée par les maîtres verriers Jean-Dominique Fleury et Olivier Juteau consiste à faire fondre des débris en provenance de l'industrie de la cristallerie dans des moules. Le matériau obtenu contient de légères irrégularités qui accrochent la lumière. Les deux grandes verrières de transepts dessinent des arbres aux branches entrecroisées.
Ces vitraux de cristal font pénétrer le jour dans un édifice qui serait, sans cela, assez obscur. Les enfants imposent leur présence muette et émouvante.





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